Ce roman au nom intrigant est signé Xavier Mauméjean (auteur adepte du roman à énigme et de l’uchronie). Il a été publié en 2004 chez Mnémos, a reçu en 2005 le prix Rosny aîné décerné par l’ensemble des participants à la Convention française de science-fiction et est désormais disponible au format poche. Pour être tout à fait complet, il faut préciser que le roman a été d’abord une pièce radiophonique pour France Culture (et oui…) puis une nouvelle.
L’idée de La Vénus anatomique existe donc depuis longtemps et j’avais repéré très tôt cette nouvelle (à l’époque) comme étant une source d’inspiration possible pour le projet que je commençais déjà à faire bouillir dans la marmite de mon petit cerveau.
Le pitch ?
Bon, y en a un peu plus : je vous le mets ? OK, alors, disons : Diderot, Bach, Casanova, l’architecte visionnaire Ledoux… Donc, pas d’ambiguïté : il s’agit bien d’une uchronie (tous ces gens ne se sont pas rencontrés, surtout pas dans cette occasion). Et on est bien en plein 18ème siècle. Vous comprendrez mon grand intérêt devant l’exercice de style, n’est-ce pas ? Bien sûr, il s’agit du milieu voire de la fin du 18ème siècle alors que Terra Incognita se concentre sur la fin fantasmée du règne de Louis XIV. C’est sûr : les mêmes hommes, les mêmes évènements ne pourront se retrouver dans les deux uchronies. Mais, outre le principe similaire, l’ambiance qui se dégage de l’œuvre est forcément, à 30 ans près, assez similaire au rendu que je souhaite pour mon univers de jeu.
Outre l’uchronie, c’est son aspect fantastique qui séduit aussi dans cette œuvre. Elle paraît dans une collection de SF et c’est vrai que la vision du Panopticon de Ledoux (voir illu ci-dessous pour un vrai projet de l’architecte) peuplé de soldats automates crées notamment par Vaucanson relève en effet de la « rétro-fiction ». De même, je compte bien peupler Terra Incognita d’automates sophistiqués, d’engins à vapeur ou de dirigeables… autant d’inventions qui ne datent pas vraiment de la période du jeu (1720) mais qui sont toutes dans l’air du temps et qui s’apprêtent à prendre forme entre leurs mains de leurs créateurs. Alors, si l’uchronie donnent à ces créateurs les moyens d’accélérer leur travail, on peut imaginer un aboutissement de leurs travaux avant le terme historique. Même logique que dans le roman de Mauméjean, donc.
L’intrigue est un tout petit peu plus décevante. Très enlevée et passionnante au début et même sur les 2/3, on sent fortement que la fin subit un traitement accéléré qui est, parfois, à la limite du compréhensible. Dommage : c’est la partie qui s’intéresse le plus au cœur du sujet. C’est un peu comme si l’auteur avait été plus passionné par les préliminaires et les à-côtés de son sujet que par ce dernier.
Enfin, ne finissons pas sur une note négative quand même : c’est, de loin, un des meilleurs romans contemporains que je présenterai (jusqu’à nouvelle découverte bien sûr) dans cette rubrique.